Le roman familial
le « roman familial » renvoie à une notion élaborée par Freud.
Ce dernier avait remarqué que les enfants adoptés développaient un fantasme sur leurs origines. Ils imaginaient souvent être issus d’une famille prestigieuse, qui les aurait abandonnés pour telle ou telle raison. D’après Freud, ce fantasme permettait de corriger la réalité. On idéalise sa famille naturelle pour mieux supporter sa famille d’adoption. L’enfant se dit : « Peu importent les failles, puisque ce ne sont pas mes vrais parents ! Je ne suis donc en rien contraint d’inscrire ma destinée dans la leur. » En fait, comme son nom l’indique, le roman familial est une construction ou une reconstruction de l’histoire d’une famille.
Le roman familial est en vogue depuis longtemps, sous différentes formes.
Par exemple les contes de fées, qui regorgent d’enfants à la recherche de leurs origines, la plupart du temps nobles.
En fait roman familial retrace l’actualité de la famille... mais pas de façon neutre.Les descendants construisent autour de l’histoire de leur famille,par des conversations animées autour d’une table de Noël ou d’anniversaire, ou par des confidences, en catimini, la légende familiale
Ce roman familialdonne aux enfants un mode d’emploi existentiel.
On v oit poindre par exemple des scénarios qui expliquent aux enfants pourquoi on est pauvre : « Avant, on était riche, et puis il y a eu des faillites ! » Le roman familial laisse entendre que tel oncle ou telle tante sont nés une cuillère en argent dans la bouche, et puis différents évènements accidentels sont survenus. Le « roman familial » ne recouvre donc pas toujours la réalité de ce qui s’est passé, d’où le terme.
Tout n’est pas transmissible, les secrets de famille pèsent leur poids. Mais de toutes façons c’est un roman qui s’élabore avec le « dit » et avec le « non-dit ».
Selon Vincent de Gauléjac, l’élaboration du roman familial est une sorte de « rituel transgénérationnel ».
Dans chaque famille, vous remarquerez qu’il existe des lieux et des moments privilégiés pour faire le point, dévoiler les secrets de famille. J’ai toujours été frappé par les repas de famille... Que ce soit à Noël ou pour un anniversaire, même si les membres de la famille disent ne pas avoir envie de s’y rendre, ni de participer à cette grand’ messe, malgré les simagrées qui l’accompagnent, pratiquement tout le monde y est présent quand même. De descendance réfractaire ou pas, chacun éprouve irrésistiblement le besoin de venir, pour prendre des nouvelles des uns et des autres, pour s’y montrer et, dans la foulée, sacrifier au rituel du transgénérationnel - et ainsi poursuivre le tissage du roman familial ! C’est là que la dimension du récit se mêle à la dimension inconsciente, toujours dans le but de le transmettre aux générations suivantes - ou de l’occulter. On se raconte ou on se tait, c’est selon. Pour illustrer cette grand’ messe familiale je vous renvoie au film Festen du réalisateur danois Thomas Vinterberg (Prix du jury 1998 au Festival de Cannes) qui illustre bien ce rendez-vous familial et le poids des secrets qui y rôdent et, éventuellement, y explosent.
Un outil au service des récits de vie et des transmissions intergénérationnelles:
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