Récit de vie

Pourquoi travailler son histoire ?

 

Travailler son histoire, c'est d'abord la reconnaître pour ce qu'elle est, comprendre comment les différents membres de la saga familiale ont vécu, comment ils ont réagi aux situation auxquelles ils ont été confrontés. Il convient de déconstruire le roman familial là où il entretient l'illusion, pour le récrire à sa façon, s'adapter aux exigences du présent, se 'décoller' du passé, échapper aux 'malédictions' dont il est porteur et accroître la capacité de se projeter dans un avenir différent de ce qui est advenu. Sortir de la répétition c'est s'ouvrir sur d'autres possibles.

L'historicité rend compte de la capacité d'un sujet de s'appuyer sur son héritage, d'en assumer le poids, l'actif comme le passif, pour créer à son tour une histoire, la sienne, dans un double mouvement de singularisation et de transmission.

Vincent de Gaulejac L'histoire en héritage 1999

 

Le récit de vie est une démarche clinique

Pour Vincent de Gauléjac, le récit de vie est une démarche clinique qu'il situe à l'articulation du psychique et du social.

Cet auteur propose des ateliers d'histoires de vie à différents acteurs du champ sanitaire et social .

L'approche envisagée est qualifiée de sociologie clinique. Le groupe d'histoire de vie peut être défini comme un espace de coproduction dialectique de sens.

Cet auteur parle de sociologie clinique, car le travail effectué s'appuie sur les conditions sociales, historiques, économiques qui contribuent à étayer l'économie psychique d'un sujet.

 

La sociologie clinique

La sociologique clinique a pour projet d'étudier et de rendre compte des phénomènes humains en réalisant une articulation entre la compréhension des déterminismes sociaux et ceux de nature psychique. Elle convoque pour y parvenir, un regard de type sociologique et historique (l'humain est toujours situé socialement et historiquement) et un regard psychanalytique(l'humain se construit grâce à ses premiers attachements affectifs).

Pour le résumer sous forme de boutade, Vincent de Gaulejac nous dit:

Freud a oublié qu'Œdipe était roi

La sociologique clinique cherche à démêler les nœuds complexes entre les déterminismes sociaux et les déterminismes psychiques, dans les conduites des individus ou des groupes.Elle s'inscrit au cœur des contradictions entre objectivité et subjectivité, entre rationalité et irrationalité, entre structure et acteur, entre le poids des contextes socio-historiques et la capacité des individus d'être créateur d'histoire.

Vincent de Gaulejac cite également les paroles de Charlie Chaplin qui dit que la misère qu'il a connu dans son enfance a constitué un déterminisme à ses yeux plus important que les pulsions sexuelles qu'il aurait pu éprouver pour sa mère.

Mais la sociologie clinique ne renie pas l'apport de la psychanalyse. Au contraire, elle essaie de trouver les points d'articulations dans un récit entre les déterminismes psychosexuels issus de la triangulation œdipienne et leur contextualisation sociale-historique.

À partir d'une étude réalisée sur le récit autobiographique d' Annie Ernaux, « Les armoires vides », Vincent de Gaulejac a dégagé le concept de névrose de classe.

 

Annie Ernaux

Annie Ernaux, est une femme de lettres française.

Née dans un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants, Annie Ernaux fait ses études à l’université de Rouen et devient successivement institutrice, professeur certifiée, puis agrégée de lettres modernes. [

Le parcours littéraire d'Annie Ernaux est très fortement marqué par la sociologie

]Très tôt dans sa carrière littéraire, Annie Ernaux délaisse la fiction pour se concentrer sur le matériel autobiographique que constitue son enfance dans le café-épicerie parental d’Yvetot. Mêlant expérience historique et expérience individuelle, ses ouvrages dissèquent l’ascension sociale de ses parents (La Place, La Honte), son adolescence (Ce qu’ils disent ou rien), son mariage (La Femme gelée), son avortement (L’Événement), la maladie d’Alzheimer de sa mère (Je ne suis pas sortie de ma nuit), puis la mort de sa mère (Une femme), et son cancer du sein (L’Usage de la photo, en collaboration avec Marc Marie). Elle écrit sur la langue du monde ouvrier et paysan normand qui a été le sien jusqu’à ses dix-huit ans.

 

Voir aussi / Questions et hypothèses:

Voir aussi / Dictionnaire:

Un outil au service des récits de vie et des transmissions intergénérationnelles:

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