Le Corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents.

L’histoire des parents s’écrit dans le corps de l’enfant

Willy BARRAL

Maux de ventre, asthme, angines chroniques… Et si ces symptômes chez l’enfant étaient une façon d’exprimer ce qui, dans sa famille, a été dissimulé ?

D’abord interrogé par l’écrivain Isabelle Yhuel, puis dialoguant à son tour avec trois anciens analysants, Willy Barral s’appuie à la fois sur une idée géniale de Françoise Dolto, l’image inconsciente du corps, et sur la psychogénéalogie d’Anne Ancelin Schützenberger, pour nous montrer que le corps pense…

Avant-propos d'Anne Ancelin Schützenberger

Depuis toujours, les parents sont confrontés à des maladies ou des troubles énigmatiques de leurs bébés qu’on appelle troubles psychosomatiques de la petite enfance. Parfois ces troubles viennent perturber tout l’équilibre familial. Ils s’imposent aux parents comme un « dire du corps » de l’enfant qui n’a pas encore la parole pour s’exprimer. Il va donc falloir remonter aux émotions correspondantes, à partir des histoires passées, pour reprendre le fil d’un discours plus ou moins conscient qui restait presque toujours confus ou oublié…

Préface de Michel Cazenave

En un temps où, si on laisse aller les choses, la psychanalyse, c’est-à-dire la découverte, l’exploration, l’assomption du sujet, n’en a plus que pour dix ou quinze ans à vivre sous les coups redoublés d’une neurobiologie triomphante et de théories comportementalistes qui voudraient se hisser du rang de pseudo-sciences à la dignité des sciences reconnues, il est bon que paraisse un livre comme celui-ci.

Un livre, d’abord, qui s’adresse au grand public, loin du jargon spécialisé où se réfugient tant de psys dans une langue à peu près incompréhensible, à qui n’est pas initié, et qui démontre au tout-venant, avec des mots de tous les jours mais chargé d’émotion et de tout le poids d’une longue expérience, que la dimension proprement humaine, de tous ceux qui souffrent et de tous ceux qui soignent, est quelque chose de capital dans toute activité thérapeutique.

Un livre, ensuite, qui fait preuve d’humilité (au sens premier du latin : au niveau de l’humus, c’est-à-dire au niveau de la terre dont nous sommes tous issus un jour), un livre sans forfanterie, sans cette arrogance dont a fait si longtemps preuve la psychanalyse, et dont elle paie le prix aujourd’hui : témoignages, histoires de vie, Willy Barral n’est pas de ceux qui croient détenir la vérité et nous l’assènent sans ménagement sur le crâne, il cherche, il tâtonne parfois, et c’est avec un émerveillement qui est presque celui d’un enfant (au meilleur sens du terme), qu’il constate les miracles de la compréhension, du vrai dialogue instauré, de l’authentique souci de l’autre, de la théorie dès qu’elle touche la réalité comme elle est.

Et la théorie, comme toujours, ne se trouve jamais close ; elle est sans cesse en mouvement, elle prend en compte le réel dans tous ses aspects divers et mouvants.

…D’où l’intérêt passionné pour, et la mise en œuvre souvent si efficace par Willy Barral de deux approches qui ont, si l’on peut dire, révolutionné le champ de la psychologie dès qu’elle tente de s’aventurer dans les plus grandes profondeurs du psychisme.

En premier lieu, la mise à jour de ce que l’on appelle aujourd’hui le transgénérationnel, mot qui a fait fortune et qui a envahi le domaine des soins depuis la psychogénéalogie jusqu’aux constellations familiales que l’on voit fleurir un peu partout actuellement, autrement dit de sa mise en place dans l’arbre des générations jusqu’à, parfois, l’utilisation de psychodrame qui n’ose pas dire son nom et repose sur des phénomènes de projection qui n’ont pas été travaillés.

Or, Willy Barral est un homme sérieux. Le transgénérationnel (ces maux psychiques qui se transmettent d’âge en âge et infiltrent nos descendants parce que nous n’avons pas été en mesure de les résoudre), il va le puiser à sa source, autrement dit chez Anne Ancelin Schützenberger qui en a fait l’hypothèse avec toute la rigueur de sa formation initiale, mais aussi chez Françoise Dolto qui y trouve l’origine de phobies considérées jusque là comme « incurables », et dont elle fait ressortir qu’elles sont le résultat d’un trouble profond dans la relation psychoaffective entre l’enfant de sa mère, trouble en miroir à son tour de celui qu’aurait subi sa mère avec ses propres parents : et l’on peut, dans certains cas, remonter plusieurs tranches d’âge, avant de retrouver le problème initial…

À l’aurore de la psychanalyse, l’un de ses grands rebelles, à savoir Carl Gustav Jung, avait déjà bien repéré le problème, qui déclarait qu’il ne soignait d’enfant que si les grands-parents étaient là. Et l’on connaît l’importance de la légende familiale selon laquelle son aïeul (de plus, du même prénom que lui !) aurait été un enfant adultérin de Goethe :il rapporte dans son autobiographie comment, d’une certaine façon, il a dû en régler le problème pour son propre compte, et ce n’est pas pour rien que ce même Goethe, avec le « Royaume des Mères » du Second Faust, aura  toujours été son mentor avoué, de même que c’est chez Goethe qu’il trouve en premier lieu l’idée de l’Urbild, l’image primordiale qui deviendra ensuite son fameux archétype. D’ailleurs, faudrait-il oublier aussi que, dans une lettre à Henri Corbin, après le scandale suscité par son livre « Réponse à Job », il se réclame de l’esprit du philosophe allemand des religions qu’était Schleiermacher, quand on sait qu’un des oncles de ce premier Carl Gustav avait précisément épousé la plus jeune sœur de ce penseur ?

À la lumière du transgénérationnel, il y aurait ainsi toute une enquête passionnante à mener sur les « antécédents » des plus grands psychanalystes, sur leurs engrammes familiaux (il suffit de penser à ce que nous savons d’autre part de la « tribu » des Freud), sur ce que, pou reprendre le vocabulaire de Piera Aulagnier, on devrait nommer leurs pictogrammes, autrement dit, cette première époque de l’enfance où le petit d’homme est à la fois lui-même et l’autre

Mais le transgénérationnel nous mène à cette seconde notion sur laquelle s’appuie fortement Willy Barral, ce que Françoise Dolto a dénommé l’image inconsciente du corps.

Dans le corps(!) de son livre, Willy Barral explique lumineusement comme cette image est « l’entre-deux des toutes premières relations psychoaffectives entre l’enfant et ses parents, une mémoire relationnelle archaïque en quelque sorte. »

Ce qui en revient à réhabiliter, contre toute notre tradition culturelle, philosophique, théologique et religieuse, le rôle et la fonction du corps dans notre vie. Loin de l’antique jeu de mots : soma sema tès psychès einsi, « le corps est le tombeau de l’âme », Willy Barral nous montre que le corps pense, qu’il est bien plus que ce que nous croyons d’habitude, et que, pour reprendre une vieille formulation de Paracelse ou de notre alchimie occidentale, il existe une lumen naturae, une « lumière de la nature », et plus particulièrement une vérité de notre corps qui se manifeste dans notre activité psychique, et vice-versa. (Au fond nous ne sommes souvent pas très loin de ce que Patanjali nous dit dans les Yoga-sutras ; nous ne sommes pas très loin de la conception classique d’un corps subtil, dès que l’on a dégagé cette notion de tous les oripeaux fantasmatiques dont on l’a si souvent chargée.)

Et ce n’est pas l’un des moindres mérites de Willy Barral, formé qu’il a été à la double école de Françoise Dolto et de Pierre Solié (l’un des plus grands psychanalystes jungiens de France en son temps), que de s’avancer ainsi, aidé par les pertinentes questions d’Isabelle Yhuel, appuyé sur sa pratique et sur des années d’expérience, sur des terres encore trop peu explorées, loin des flons-flons ou des récupérations de la mode, mais avec une assurance gagée sur sa clinique et avec la modestie qui convient à celui qui essaie de débrouiller les labyrinthes de l’âme humaine.

Notre corps pense : immense révélation ! Ce n’est donc pas qu’une machine, même s’il l’est aussi. Mais nous portons toujours en nous cet « hôte inconnu » qui, finalement, en sait si souvent tellement plus que nous-même. Un livre à lire absolument.

Michel Cazenave

L'auteur

Willy BARRAL, psychanalyste, formé par Françoise Dolto et Pierre Solié, d’inspiration jungienne, est l’une des voix les plus libres et les plus originales de la psychanalyse en France. Il a publié, aux Éditions Galimmard, Françoise Dolto : c’est la parole qui fait vivre. Il dirige également depuis 1985 l’association La Harpe-Enfant de Droit, qui se consacre à l’enfance inadaptée.

Voir aussi l'article de Willy Barral pour Généasens

Vidéo

Willy BARRAL  nous invite à une réflexion sur le sens de nos maladies, de nos maux, cest avec une vision optimiste qu'il nous éclaire sur les divers chemins vers la guérison. Surprenant par l'originalité de sa pensée créative et sa curiosité des choses de la vie

Références

  • Willy BARRAL

  • Le Corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents

  • Payot 2008

Prix associatif

En commandant cet ouvrage à l’association La harpe Enfant de Droit, il vous sera facturé au prix souscription, soit 15€ au lieu de 20€.

Chèque à libeller au nom de : « Association La Harpe – Jardin Arc-en-ciel ».

Le jardin Arc-en-ciel est une structure d’accueil petite enfance Françoise Dolto à Erevan, en Arménie, à laquelle seront donnés les droits d’auteur.

Adresse

  • Willy Barral
  • «La Belle Cordière», Maison du Belvédère,
  • Route de Chorges
  • 05160 Saint Apollinaire
  • Tél: 04.92.44.28.05 ou 06.18.15.68.92

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