La Fleur du mal
- Claude Chabrol
- 2003
- Avec: Benoît Magimel, Nathalie Baye, Mélanie Doutey, Suzanne Flon, Bernard Le Coq, Thomas Chabrol, Henri Attal, Kevin Ahyi, Jérôme Bertin, Françoise Bertin
- 1h44
Claude Chabrol se consacre à la description d’une famille de petits bourgeois bordelais croulant sous les mensonges et les secrets. Une histoire de famille avec beaucoup de secrets, éternelles histoires de coucheries et d'amours déplacés. Histoire de générations aussi, avec la grand-mère, la mère et la fille.
La culpabilité peut-elle se transmettre, comme certaines maladies, de génération en génération ?
Quels effets une faute non expiée peut-elle avoir pour le coupable mais aussi pour ses descendants et sa famille ?
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans l'atmosphère délétère des règlements de compte liés à la collaboration, une femme est acquittée d'un crime qu'elle aurait peut-être commis. De nos jours, pendant les dernières élections municipales, un tract anonyme adressé à ses descendants vient faire ressurgir ce trouble passé...
Synopsis
Après quatre ans d'exil aux Etats-Unis, François, le fils prodigue, est de retour chez les Charpin-Vasseur, grande lignée bordelaise. Il retrouve avec joie sa cousine, Michèle, dont il est épris. Il reprend aisément ses marques dans l'imposante demeure ancestrale, où trois générations coulent des jours paisibles. En apparence du moins. Car le vernis bon teint de la famille se craquelle lorsqu'un tract exhumant de vieilles histoires peu reluisantes vient troubler la campagne électorale d'Anne Charpin-Vasseur, en lice pour la mairie. Il y est question du procès de tante Line, la doyenne, soupçonnée du meurtre de son collabo de père en 1945, et du remariage d'Anne avec son beau-frère, Gérard, père de François...
Analyse
"Tu sais bien que tout est secret ici" dit Tante Line au début du film. Mais les secrets finissent par reparaître à l'aube du XXIe siècle. La question posée est celle de la culpabilité. "Avec Tante Line, on est sûr de rien" dit Michèle, la cousine de François. "Ça fait des années qu'on vit comme des faux-culs" dit Tante Line.
On retrouve une variation sur les thèmes chers à Chabrol : la bourgeoisie provinciale, monstrueuse derrière des apparences respectables, et le crime.
La scénariste précise ainsi le sujet du film : « Parce que les personnages sont beaux, sympathiques, intéressants, le propos sur la bourgeoisie n'en est que plus cruel. Ils sont d'une effrayante normalité. S'il n'y avait pas de crime, peut-être n'y aurait-il rien à raconter puisque rien ne change. »
Le titre choisi s’inspire du recueil de Baudelaire, Les Fleurs du mal, mais, mis au singulier, désigne explicitement le sexe féminin comme l’origine des problèmes humains – au double sens du terme que donne Courbet à son tableau, L’Origine du monde représentant précisément le sexe féminin. Le film de Chabrol peut s’apparenter à une psychanalyse de l’âme humaine dont les abysses traversent à l’identique les générations.
Claude Chabrol prend son temps pour nous faire entrer dans son récit, puis pour nous perdre dans le dédale de l’âme humaine avant de nous demander, dans la scène ultime et à travers ses personnages, de faire bonne figure et de sauver les apparences.
On ne peut manquer, à ce propos, d'évoquer la visite de la candidate politique, Anne, dans la cité des « gens d’en-bas » et de ses incroyables propos si « gens d’en-haut ». Pour être juste, il faut bien reconnaitre que le discours des électeurs modestes à qui elle rend visite est tout aussi calamiteux. Chabrol a conservé intacte son ironie mordante.
La bande annonce
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