Il n'y a pas de Kennedy heureux
Comment la toute-puissance patriarcale de Joe Kennedy, manipulant ses enfants pour sa propre ambition, a détruit tout le clan jusqu'à la troisième génération.
Colette Mainguy
Résumé du documentaire
Ce film met en scène le destin du clan Kennedy à travers le regard, naïf, aimant ou révolté de leurs enfants. Caroline, Robert, Christopher, Mary, John-John ou David avaient entre 7 et 11 ans lorsque le président Kennedy fut assassiné et entre 13 et 17 ans à la mort de Bobby Kennedy. Au fil des années, ils ont goûté le parfum teinté d'ivresse des gosses de riches, ils ont deviné les infidélités de leurs aînés, le mystère des femmes du Président, les menaces qui ont pesé sur leur famille... Entre enfances dorées et destins brisés, images officielles et archives familiales, Il n'y a pas de Kennedy heureux navigue parmi les personnalités complexes du clan Kennedy pour dresser le portrait sans concession mais empreint de nostalgie des acteurs de la famille. Une histoire intime et personnelle racontée à hauteur d'enfant avec ses naïvetés, ses doutes et ses interrogations. Une histoire dévoilant de l'intérieur la vie de l'une des plus puissantes familles du XXème siècle
Le sujet
L'histoire et les histoires de la famille Kennedy, l'une des plus puissantes aux Etats-Unis mais aussi un clan marqué par des destins maudits.Les fils des Kennedy s'appellent John, Bobby et Ted. Leurs cousins sont les enfants Sargent Shrivers, Smiths et Lawfords. Tous sont nés entre 1952 et 1960, assez âgés donc pour comprendre les événements qui ont marqué la vie de leurs parents. Leur histoire, cette biographie des «fils et filles de», est racontée à travers les témoignages des gouvernantes de la famille. Elles aussi ont partagé les vies et enduré les deuils des Kennedy. Au-delà de ces tragiques destins, des questions plus générales sont abordées. Que retient un enfant de sa famille ? Comment en vit-il les épreuves, les aspirations et les devoirs ? Autant de sujets délicats qui trouvent ici une illustration pertinente.
La critique de Colette Mainguy
Colette Mainguy est journaliste au Nouvel Observateur et auteur d’un récit autobiographique « la juive » qui constitue l'aboutissement de plus de dix années d'analyse)
Les Kennedy, une famille monstre. Tel Saturne, elle dévore ses enfants. Goya illustrait ce carnage anthropophage par une palette d'ocres et de noirs. Ici, le réalisateur Patrick Jeudy et le psychanalyste Gérard Miller n'utilisent que l'éclat des lumières solaires des films de la dynastie. Pas d'interviews de tiers, de contrepoint à l'histoire, toujours les films intimes. Ils sont commentés par une gouvernante fictive. Elle incarne toutes les « Mademoiselle » qu'ont eues les enfants Kennedy, omniprésentes nounous chargées de compenser les béances affectives de la jeune génération, les enfants de John et Jackie, de Bobby et Ethel, de Ted et de Joan Ceux des filles : Eunice, Pat et Jean. Nous les voyons étincelants de joie, extraordinaires de vitalité, sur la plage de Hyannis Port ou sur leurs somptueux voiliers, la proue pointant vers l'Irlande, la terre du clan de Joseph, le patriarche (1888-1969). Les adultes, John, Bobby, Jackie et les autres, s'empressent auprès des enfants dès qu'ils rentrent de meetings, de débats, de réunions à la Maison-Blanche. L'image est si parfaite quand les petits se chamaillent autour d'eux et s'ébattent en grappes de cousins et cousines, « même âge, même sourire, même charme, comme fabriqués dans le même moule, promis au même avenir », dit Gérard Miller par la voix de « Mademoiselle ».
Alors que le film de la vie des aînés défile : Joseph Junior, mort au combat en mission suicide après que Joe, le patriarche, a été convaincu d'antisémitisme et d'intelligence avec les nazis ; Rosemary, lobotomisée par la volonté de son père ; John, assassiné à Dallas en 1963 ; la liaison de Jackie avec Bobby ; l'assassinat de Bobby le 5 juin 1968 à Los Angeles... Les enfants grandissent et souffrent en vase clos. Aucun ne pourra trouver sa voie. Si le film de leur vie commence par des images de la famille, magnétique de beauté, réunie après la découverte du corps de David, fils de Bobby mort d'une overdose en 1984, c'est pour montrer comment la toute-puissance patriarcale de Joe, manipulant ses enfants pour sa propre ambition, a détruit tout le clan jusqu'à la troisième génération. La démonstration est magistrale.
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Voir aussi / Témoignage
J’avais 7 ans1/2 quand le Président Kennedy a été assassiné.
A l’époque, je ne voyais la télévision que chez mes grands-parents…et l’heure du journal « parlé » était sacrée ! Chacun devait donc faire silence autour de la table, voir et entendre, à défaut d’écouter, ce qui concernait surtout les adultes !
Les images qui m’ont le plus impressionnée durant cette période sont celles de la guerre du Vietnam qui généraient en moi une peur viscérale et les reportages sur l’assassinat de JFK.
Mon esprit d’enfant ne pouvait comprendre que quelqu’un puisse tuer un homme comme celui-là. Il dénotait dans le panel des hommes politiques : jeune, beau, souriant, il représentait pour moi le père idéal…tel que la presse le montrait à ce moment.
Comme beaucoup, je me suis intéressée à la saga Kennedy, le parcours de sa veuve, de ses enfants, l’assassinat de son frère, avant celui de Martin Luther King ! Tant de malheur, de violence… Pourquoi ? Quels enjeux permettent ou provoquent cela ?
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