Les fantômes de la guerre 14/18 : Le massacre de Dinant

Un article de Pierre Ramaut, psychanalyste, pour Généasens

« Trois journées d'août 1914 : les murs de Dinant ». d'André Dartevelle.

Le mardi 14 janvier 2014, la RTBF a réalisé un sujet pour son journal télévisé de 19h 30 (Voir la vidéo à 25 min ) sur le film d'André Dartevelle, « Trois journées d'août 1914 : les murs de Dinant », consacré à la mise à sac de la ville de Dinant par l’armée allemande en août 1914 et au martyre de sa population civile qui est resté gravé  dans la mémoire locale qui en transmet les récits tragiques de génération en génération.

Le documentariste André Dartevelle signe un sobre et émouvant diptyque sur le massacre de civils belges dans les débuts de la Première Guerre mondiale. Mémoire familiale, transmission, pardon ou réconciliation sont quelques-uns des thèmes traités finement.

Dans le premier volet, Les murs de Dinant, sept « témoins » se souviennent des grands massacres de civils des 23, 24 et 25 août 1914, commis dans la ville par les troupes allemandes. Ils sont les descendants des familles des victimes, ils racontent leur histoire familiale broyée par la tragédie, un héritage qui passe de génération en génération. Leurs récits révèlent les traces profondes que ces crimes ont laissées, d’autant plus vives qu’aucune justice n’a sanctionné les coupables. Longtemps, la légende des francs-tireurs belges a servi de justification aux autorités et aux historiens allemands. À Dinant, une délégation officielle allemande a reconnu les faits en 2001 et demandé le pardon, mettant un terme au ressentiment, mais la mémoire douloureuse persiste.

Une malédiction inévitable ?

Je remercie le  réalisateur du film et les journalistes qui ont eut le mérite d’attirer l’attention du grand public sur ces répétions des traumatismes liés au massacre de Dinant.

J’ai surtout été très touché par l’émotion des différents témoins interrogés dans le reportage et ému par le désarroi de ces personnes qui se sentent toujours impliquées, pour ne pas dire menacées, par les conséquences des massacres de Dinant et qui semblent se sentir exposées à une fatalité inéluctable contre laquelle il n’y aurait rien à faire, sinon constater et accepter passivement cette sorte de malédiction venue du passé et de la grande guerre.

Est-il possible de pacifier nos fantômes familiaux ?

Fort heureusement il y a bien quelque chose à faire !

Une théorie solidement étayée, celle de la psychanalyse transgénérationnelle, habituellement plus connue du grand public sous le nom de « psychogénéalogie », existe et progresse régulièrement pour rendre compte de ce phénomène, parfois inquiétant, qu’est la transmission inconsciente au fil des générations, des traumatismes, des secrets , des tâches inachevées, des deuils familiaux non faits, etc.

Plusieurs stratégies thérapeutiques et plusieurs outils cliniques fiables existent pour aider des personnes, souvent en grande souffrance, et porteuses de ce que les psychanalystes, Nicolas Abraham et Maria Török , ont été les premiers à appeler des « fantômes » transgénérationnels.

Cette discipline et ces outils semblent malheureusement toujours souffrir d’un manque de communication et paraissent peut-être encore trop mystérieux, pour ne pas dire ésotériques, tant pour le grand public que pour de nombreux tenants du champ « psy » en général.

Rappelons pourtant ce que nous disait, dans son livre "Ma vie, souvenirs, rêves et pensées",
le grand clinicien de l'âme qu'était Carl Gustav Jung (1875-1961).

Tandis que je travaillais à mon arbre généalogique, j'ai compris l'étrange communauté de destin qui me rattache à mes ancêtres. J'ai très fortement le sentiment d'être sous l'influence de choses ou de problèmes qui furent laissés incomplets ou sans réponse par mes parents, mes grands-parents et mes autres ancêtres. Il semble souvent qu'il y a dans une famille un karma impersonnel qui se transmet des parents aux enfants. J'ai toujours pensé que, moi aussi, j'avais à répondre à des questions que le destin avait déjà posées à mes ancêtres, mais auxquelles on avait encore trouvé aucune réponse, ou bien que je devais terminer ou tout simplement poursuivre des problèmes que les époques antérieures laissèrent en suspens […]

La psychothérapie en général, ne tient pas suffisamment compte de la transmission transgénérationnelle.

Le massacre de Dinant, rappel des faits historiques

Dinant en Belgique compte parmi les villes les plus durement touchées par les atrocités allemandes en 1914.Dans la nuit du 21 au 22 août (5) , des cavaliers allemands s’engagent dans Dinant non défendue et mettent le feu aux habitations. Dans la journée du 22 août, 2500 civils tentent de fuir derrière les lignes françaises. Le 23 août, les Allemands, suspectant de compter dans la population dinandaise des francs-tireurs, rassemblent un grand nombre d'habitants qu'ils fusillent. On recense 674 hommes, femmes et enfants passés par les armes lors de ce massacre et plus d'un millier d'habitations incendiées. Si les fusillés sont en grande majorité des hommes, les Allemands ne font pas le tri. Des vieillards, des femmes et même des enfants seront passés par les armes.

Le reportage de la RTBF

Voici la retranscription intégrale de ce reportage présenté par le journaliste François de Brigode

« Je vous propose de découvrir à présent ce que l’on appelle « Les murs de Dinant », un film qui évoque la grande guerre et qui a été réalisé par André Dartevelle et qui est consacré au massacre de 700 civils par les allemands en 1914. Il permet de découvrir, avec étonnement, le traumatisme immense des descendants des victimes un siècle après ce crime de guerre.

Lorsque la projection commence, la remontée dans le temps est immédiate. Nous sommes à Dinant, le 23 août 1914 et les soldats allemands massacrent la population sans raison.

Témoignage d’André Lamy, descendant de fusillés en 1914 :

« Ma mère à l’époque avait 13 ans, (…), C’est curieux dès que j’aborde ce sujet, j’ai du mal à me contrôler, alors qu’il y a pratiquement 100 ans, c’est absolument fou ça ! … elle a été à la recherche de ses grands-parents maternels, elle les a retrouvés dans leurs jardin, ils avaient été décapités.(silence) Le grand-père d’abord et puis la grand-mère. Elle a conclu que c’était le grand père d’abord puisque la grand-mère couvrait le corps de son mari avec une couverture quand elle a été décapitée  »

Les conséquences de cette violence inouïe ont survécu au passage du temps, le film démontre que la vie des descendants est encore conditionnée par les massacre.

Témoignage d’Alain Bourdon, fils d’un survivant du massacre :

Je crois que c’est la terreur et ça se communique de générations en générations. Malheureusement nous n’avons pas pu empêcher que mes nièces, les enfants de mes sœurs, aient également ces problèmes-là.

D’autres avaient quasiment oubliés leurs liens avec les massacres. Mais lorsqu’ils ont compris ce que ce souvenir familial faisait peser sur leur vie ils s’en sont servis.

Témoignage de Valérie Rosoux, descendante à la cinquième génération :

J’ai donné un sens à ce lien affectif, en me disant que chaque fois que je penserai à toi, à Nicolas, je sentirai un élan, comme un coup de pied au derrière, pour aller, pour profiter de cette vie, pour en faire quelque chose de fécond.

Evidemment tout le monde ne s’en tire pas aussi bien. Pour d’autres familles on se demande quand le traumatisme s’arrêtera ?

Interview d’André Dartevelle le réalisateur du film "Trois journées d'août 1914: les murs de Dinant"

Eh bien ça, je n’en sais rien : Quand est-ce que les retombées de la Shoa s’arrêteront ? Du Génocide Rwandais ? Je ne pourrais pas vous le dire. Je pense que dans toutes les familles il y a toujours quelque part un transmetteur, quelqu’un qui relaye ce genre d’histoire, qui en parle autour de lui et qui joue le rôle du narrateur .

Autant de souffrance 100 ans plus tard sont étonnantes. Mais reste que les photos du massacre présentes dans le film ont encore le pouvoir de nous laisser sans voix. 

Reportage de G Vandenberghe, V Hufty, B Laï.

Les traumatismes historiques et leurs conséquences sur les générations futures.

Malheureusement nous n’avons pas pu empêcher que mes nièces, les enfants de mes sœurs, aient également ces problèmes-là..

Témoignage d’Alain Bourdon, fils d’un survivant du massacre.

Une cause majeure de dysfonctionnements personnel et familiaux doit parfois être recherchée dans l’influence des traumatismes historiques vécus par les aïeux. Cet arbitraire et cette cruauté imposée par l’histoire peuvent se répercuter de manière invisible mais bien réelle au sein de la famille au fil des générations.

L’arbre généalogique peut avoir été victime de graves traumatismes qui débordent le cadre de la vie familiale.

Les évènements contextuels importants, comme les guerres, peuvent laisser des empreintes, des traces psychologiques, corporelles et intellectuelles très profondes.

Des conséquences pénibles peuvent se manifester chez les descendants de celles et ceux qui ont été intensément soumis à la peur, à la faim, à l’accablement, ou au danger de mourir brusquement dans le cadre d'événements historiques majeurs. Ces contrecoups de peur et de terreur peuvent se retrouver à la base de problèmes de santé physique et psychologique qui vont apparaître aux générations suivantes.

Une temporalité propre à chaque famille

C’est curieux dès que j’aborde ce sujet, j’ai du mal à me contrôler, alors qu’il y a pratiquement 100 ans, c’est absolument fou ça ! .

Témoignage d’André Lamy, descendant de fusillés en 1914

Le temps généalogique est un rythme temporel propre à chaque famille. Cette temporalité spécifique à la famille est découpée en cycles qui sont définis par les événements marquants de la vie des membres de la parenté. Il est donc important de connaître parfaitement les dates importantes de son arbre généalogique.

Certaines dates ou écarts entre des évènements importants peuvent s’inscrire (négativement) au niveau inconscient. Dans ce cas, ces dates ou ces écarts des dates deviennent des signifiants.

Le signifiant est une trace dans l'inconscient. Cela peut être une odeur, une image, une cicatrice qui va renvoyer à un signifié. Ce signifié est le fait décrit dans le souvenir.

L’association inconsciente d’évènements concomitants génère des signifiants, comme par exemple, un décès ou un événement malheureux va être associé à des catégories d'activités, des lieux, des personnes ou des objets.

La réapparition ultérieure de ces différents signifiants dans l'environnement pourra déclencher des réactions incompréhensibles et incontrôlées dans la descendance.

Un syndrome de répétition et d’anniversaire

La transmission et la répétition des traumatismes peut donc se faire inconsciemment à travers différents signifiants qu’utilisent et transmettent inconsciemment, de génération en génération, les membres de la famille (Dates , noms , prénoms, objets, etc.).

Ce phénomène est connu sous le nom de « syndrome d’anniversaire » ou « syndrome de répétition » et a été théorisé dans les années 1970 par le Pr Anne Ancelin Schützenberger.

Anne Ancelin Schützenberger est une psychologue française, également psychothérapeute et psychanalyste, professeur émérite à l'université de Nice, où elle a dirigé pendant une vingtaine d'années le laboratoire de psychologie sociale et clinique. C'est à elle que nous devons le terme de « psychogénéalogie » introduit vers 1980.

Le grand mérite d'Anne Ancelin Schützenberger est d'avoir dévoilé au grand public ses travaux sur la psychogénéalogie, grâce à son livre "Aie, mes aïeux", qui permit de rendre l'approche du transgénérationnel accessible à un plus grand nombre de personnes et à quelques thérapeutes d'intégrer dans leur pratique cet aspect générationnel dans l'histoire des individus.

Pour Anne Ancelin Schützenberger, les événements, traumatismes, secrets, conflits vécus par les ascendants d'un sujet conditionneraient ses faiblesses constitutionnelles, ses troubles psychologiques, ses maladies, voire ses comportements étranges ou inexplicables.

Dans son livre, Anne Ancelin schützenberger fait référence à l’étude statistique publiée en 1961 et réalisée par le Dr Joséphine Hilgard, qui confirme son intuition que « L‘ inconscient a bonne mémoire». Dans cette étude statistique, le Dr Joséphine Hilgard déclare que le déclenchement d’une psychose à l’âge adulte peut être lié à la répétition familiale d’un événement traumatisant.

Traumatisme, crypte et fantôme

Je crois que c’est la terreur et ça se communique de génération en génération

Témoignage d’Alain Bourdon, fils d’un survivant du massacre

Pour définir un traumatisme très simplement, il suffit d’imaginer un évènement tellement terrible et tellement inhumain, qu'il est, à la fois, tellement dur pour le cœur et pour l’esprit, que nos structures mentales et émotionnelles ne peuvent le digérer, l’intégrer, le symboliser et en parler.

Ce qui ne sera pas parlé sera dénié ou refoulé et enfui dans le psychisme, de celui qui a vécu le traumatisme, comme dans une « crypte ».

Ce sont les psychanalystes, d'origine hongroise, Nicolas Abraham et Maria Török qui en dehors de leur relecture rigoureuse et créative de l'œuvre freudienne vont proposer, dans un ouvrage publié en 1978 et intitulé « L'Écorce et le Noyau », quelques concepts originaux, dont la « crypte » et le «fantôme».

Abraham et Török, définissent métaphoriquement la crypte comme un caveau intérieur dans lequel un évènement (un secret, un non-dit, un acte inavouable, un traumatisme, etc.) est mis en conserve pour venir nous hanter en parlant à la façon d'un « ventriloque » et même en agissant à notre place. Il passe alors des parents à l'enfant, se manifestant d'une génération à l'autre, jusqu'à ce qu'on en prenne conscience.

Le « fantôme », lui est défini par les deux psychanalystes comme « Le travail dans l'inconscient du secret inavouable d'un autre (inceste, crime, bâtardise, etc.). Sa manifestation, la hantise, est le retour du fantôme dans les paroles et actes bizarres, dans les symptômes (phobiques, obsessionnels...) ».

Tout se passe, en fait, comme si le « fantôme » sortait de sa crypte. Les membres des générations successives verraient donc à certains moments un « fantôme psychique » se manifester par des actes incontrôlables  ou des symptômes physiques ou psychiques.

Les descendants de porteurs de cryptes seraient en quelque sorte les héritiers d’une part de l’inconscient d’un aïeul, d’une part de ce qui fût un jour, un impossible à dire pour un ancêtre.

Manque à parler et impensé généalogique

Les photos du massacre présentes dans le film ont encore le pouvoir de nous laisser sans voix.

Poursuivant le travail d'Abraham et de Törok et tout en intégrant celui de Françoise Dolto dont il a été l'élève, dès 1985, le psychanalyste Didier Dumas a exploré et précisé la voie du fantôme et en à élargi le concept en définissant le « fantôme » comme un « manque à parler », un « vide de langage » devenant de ce fait au fil des générations un « impensé généalogique ».

Didier Dumas précise aussi, et c’est bien ce sujet qui nous préoccupe avec les traumatisés de guerre de Dinant , que « Les fantômes qui nous hantent peuvent aussi être ceux des traumatismes collectifs (guerres, déportations, etc.)».

Plus récemment le psychanalyste transgénérationnel Bruno Clavier, auteur du livre « Les fantômes familiaux » nous parle du « fantôme » comme d’une « structure psychique et émotionnelle parasite, issue d’un ou de plusieurs ancêtres, portée et agie inconsciemment par un descendant. ».

Transmission, originaire et épigénétique

Je crois que c’est la terreur et ça se communique de génération en génération

Témoignage d’Alain Bourdon, fils d’un survivant du massacre

Nicolas Abraham et Maria Török et à leur suite d’autres praticiens dont Anne Ancelin Schutzenberger vont donc naturellement poser la question du fonctionnement de la transmission psychique transgénérationnelle.

Au sujet de la transmission, anne Ancelin nous dit ceci en 1993 dans son livre « Aïe mes Aïeux ! ».

La transmission est toujours sous le signe de l’inconnu et de l’interrogation ; mais nous espérons prochainement le progrès de la recherche interdisciplinaire touchant à la fois les sciences humaines, la biologie, la physique quantique, l’éthologie animale et humaine, ainsi que la découverte de nouveaux neurotransmetteurs afin de mieux cerner ces transmissions et ces communications inconscientes entre les individus et les générations.

Depuis ces interrogations d’Anne Ancelin Schützenberger en 1993, de nombreux progrès ont été réalisés tant sur le plan théorique que scientifique, pour tenter de rendre compte de cette question intrigante qu'est la transmission inconsciente des traumatismes entre les générations.

Pour ma part, dans le cadre exigu de cet article, je retiendrai deux théories parmi celles auxquelles je me réfère.

  1. La théorie de Didier Dumas sur la transmission des fantômes et l’activité mentale originaire.
  2. L’épigénétique : Les traumatismes laissent une trace dans l’ADN

1. La théorie de Didier Dumas sur la transmission des fantômes et l’activité mentale originaire.

Avant l’acquisition de la parole, l’activité mentale est l’activité mentale originaire, qui est la seule à l’œuvre dans la psyché de l’enfant du stade fœtal jusqu’à la troisième année. C’est grâce à elle que l’enfant duplique inconsciemment le système de représentation de ses parents.

Les sensations forment la couche la plus ancienne de nos trois enveloppes mentales. C’est la couche la plus interne de notre appareil à sentir, à penser et à communiquer.

La seconde grande catégorie de représentations à l'œuvre dans un cerveau humain, les images commencent à se structurer un peu plus tardivement, à la naissance, avec l’ouverture des yeux.

Dans l’appareil psychique, les images s'intercalent entre les sensations et les mots, car leur principale fonction est d’établir des liens entre l'univers des sensations et celui de la parole.

Les mots forment, eux, notre enveloppe mentale la plus extérieure. C’est celle qui organise nos rapports aux autres et dans laquelle se constitue la dimension sociale et collective de notre existence. Mais c’est aussi celle qui se construit le plus tardivement, puisqu’elle ne commence à le faire que vers trois ans, avec l’acquisition de « je » et la formulation des phrases.

L’activité mentale originaire est donc une activité inconsciente qui concerne les deux premiers stades de note construction psychique (sensations et images).

C’est pendant cette phase originaire de notre développement psychique que nous nous greffons sur les structures mentales de nos parents, le temps  que notre propre appareil psychique puisse mûrir et arriver au troisième stade, celui de la parole

Pour Didier Dumas, la construction mentale de l’être humain n’est donc pas individuelle, comme l’a postulé Freud, mais transgénérationnelle, ce qui signifie qu’elle se constitue, à sa base, chez l’enfant de moins de trois ans, par la duplication inconsciente des structures mentales de ses parents. Et, comme celles-ci se sont, elles-mêmes, construites en dupliquant les structures mentales des grands-parents, c’est ce qui explique que les pathologies ancestrales que la psychanalyse contemporaine appelle des « fantômes » peuvent se transmettre sur plusieurs générations.

2. L’épigénétique : Les traumatismes laissent une trace dans l’ADN

L'épigénétique est le domaine qui étudie comment l'environnement et l'histoire individuelle influent sur l'expression des gènes, et plus précisément l'ensemble des modifications transmissibles d'une génération à l'autre et réversibles de l'expression génique sans altération des séquences nucléotidiques.

En 2012,le groupe de recherche du Professeur Alain Malafosse, du Département de psychiatrie de l’UNIGE (Université de Genève), en collaboration avec le Département de génétique et de développement, a démontré que de l’association entre maltraitance infantile et certaines pathologies adultes, résultait une modification des mécanismes de régulation des gènes. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Transnational Psychiatrie.

En examinant leur ADN, issu d’une simple prise de sang, les chercheurs ont observé des modifications épi génétiques, c’est-à-dire dans les mécanismes de régulation des gènes, chez les participants ayant été maltraités durant leur enfance (abus physique, sexuel et émotionnel, carences affectives…).

Cette étude a aussi montré que ces modifications épigénétiques étaient transmissibles

Une autre étude menée par des chercheurs de la faculté de médecine de l'Université Emory, à Atlanta, suggère que les sensations provoquées par une odeur, liées la peur sont transmises de génération en génération.

L'équipe de recherche dirigée par Brian Dias et Kerry Ressler a mené une série d'expériences sur des souris mâles. Le protocole a consisté à faire émaner un effluve de parfum (à base d'acétophénone) identique à celui de la fleur de cerisier tout en infligeant aux rongeurs une décharge électrique. De cette manière, les scientifiques sont parvenus à conditionner leurs sujets à craindre cette odeur.

Le sperme des souris traumatisées a ensuite été utilisé pour féconder des souris femelles et produire une première génération, puis une seconde dont le comportement a soigneusement été étudié. Les résultats, publiés dans la revue Nature Neuroscience vont dans le sens d'une transmission du traumatisme aux deux générations suivantes.

Cette découverte a provoqué l’enthousiasme des chercheurs qui considèrent qu’il s’agit là d’une nouvelle preuve d’un "héritage épigénétique transgénérationnel" qui pourrait à son tour se transmettre à la descendance.

Le mandat transgénérationnel des taoïstes

Je pense que dans toutes les familles il y a toujours quelque part un transmetteur, quelqu’un qui relaye ce genre d’histoire, qui en parle autour de lui et qui joue le rôle du narrateur

Interview d’André Dartevelle

Cette petite phrase du réalisateur du film, témoigne, à mon sens, de son intuition sur le fait que dans les familles, il y a toujours quelqu’un qui serait (comme par magie) mandaté par l’arbre familial pour relayer des informations essentielles et pour remettre au travail les « fantômes » familiaux..

Ce phénomène curieux ressemble fort à ce que les taoïstes appellent le « mandat transgénérationnel », qui est donné par le Ciel à l'ultime descendant de la lignée, vivant aujourd'hui, ici et maintenant dans le but de le pousser, toujours plus avant, à la découverte de qui il est , en interrogeant son arbre généalogique pour lui permettre de conscientiser les fantômes qu’il a repris à son compte, et de dégager ce qui le met authentiquement en résonance avec lui-même.

Pour la pensée chinoise traditionnelle il existe donc des liens entre l'ancestralité et ses effets sur la vie de l'individu. Nous naissons avec un projet de vie certes personnel, mais tout de même relié à notre héritage.

Le « transmetteur » dont nous parle André Dartevelle dans son interview à la RTBF , est peut-être celui qui porte le mandat transgénérationnel et qui devra (re)prendre à son compte le travail à réaliser sur l’arbre généalogique pour guérir l’ancestralité blessée par les monstruosités de la guerre et des massacres de Dinant ?

Des outils et des stratégies thérapeutiques pour guérir de nos fantômes familiaux

1. La prise de conscience.

Lorsqu’ils ont compris ce que ce souvenir familial faisait peser sur leur vie ils s’en sont servis.

Le principal objectif d’une thérapie transgénérationnelle est de revisiter son arbre généalogique et de se mettre en chasse de sa généalogie complète et de son histoire familiale remise dans ses différents contextes.

Le but du thérapeute, travaillant sur le transgénérationnel, sera d’aider son client à identifier les différentes « cryptes », et les différents « fantômes » familiaux.

Grâce à ces prises de conscience le porteur pourra alors se différencier de ses "fantômes" ancestraux et quitter une sorte de télescopage des générations et du temps.

2. Le « Génosociogramme » un outil pour exploiter le sens des évènements familiaux

J’ai donné un sens à ce lien affectif.

Témoignage de Valérie Rosoux, descendante à la cinquième génération

Le « génosociogramme »(20) est surtout connu du grand public depuis les travaux de Anne Ancelin Schutzenberger.

Construire son « génosociogramme » est à la base de toute démarche en thérapie transgénérationnelle et de tout travail visant à exploiter le sens des liens et des transmissions entre générations (Transmissions intergénérationnelles conscientes et transgénérationnelles invisibles et inconscientes).

Un « Génosociogramme » est une sorte d'arbre généalogique fait dans un premier temps de mémoire (c'est à dire sans recherche d'informations et de documents) complété des évènements de vie importants (avec leurs dates et leur liens) et du contexte affectif (qualité de la relation entre les individus  marqués par des flèches ou des traits de couleurs). Ce premier travail effectué, il est alors conseillé d’entreprendre une enquête généalogique systématique sur la famille et son histoire via des documents officiels (registres, actes, etc.) sur un minimum de quatre à sept générations (si possible).

Avec le « génosociogramme », on voit que les traumatismes se retrouvent tout au long d’une histoire, souvent sur plusieurs générations, il permet également de prendre en considération les traumatismes individuels et familiaux liés à l’histoire : exil, guerre,déportation, tremblements de terre, épidémies etc. Cet outil nous aide aussi  à  en évidence les phénomènes de répétition: les accidents, les maladies, les deuils non résolus, les non-dits, les syndromes d’anniversaires (ou syndromes de répétitions), les mythes familiaux, etc..

Utilisant des conventions graphiques sur la famille, il permet d'obtenir une image rapide de modèles familiaux complexes. En cela, il constitue une riche source d'hypothèses sur la manière dont une difficulté psychologique ou psychosomatique peut être reliée au contexte familial. Il donne aussi des clés sur la façon d'envisager l'évolution de cette difficulté. Il est, de ce fait, l'outil privilégié de la psychogénéalogie.

Le génosociogramme, fait prioritairement appel au cerveau droit, qui traite les informations de façon rapide, totale, spatiale et perceptive. Ce mode d'opération, très différent du mode verbal et analytique du cerveau gauche, se caractérise néanmoins par une complexité tout aussi grande: c’est pourquoi la psychanalyse « classique » peut parfois buter et devenir inopérante lorsque des éléments concernant les générations antécédentes aux parents -et donc hors du champ œdipien- sont impliqués dans les symptômes et la souffrance du patient.

3. Retisser la parole et les liens familiaux

L’utilisation d’un « génosociogramme » facilite aussi la parole entre les membres de la famille, y compris les enfants, car partir de questions simples sur des événements importants, enfants et adultes peuvent plus facilement parler de tout. Au fil des séances, la personne va mobiliser sa propre mémoire mais aussi celle des membres de la famille, de façon très naturelle, elle interroge d'abord ses parents et ses grands parents s'ils sont encore vivants mais aussi des cousins, des parents plus éloignés qui possèdent aussi leur vision de cette histoire familiale; toute cette recherche aura pour effet de retisser les liens, souvent aussi d'en créer des nouveaux. La confrontation de différents points de vue est une riche expérience: les entrecroisements de récits avec parfois leur contradictions viennent bousculer des histoires qui semblaient bien installées.

4. Récits de vie et lignes du temps biographiques

La ligne du temps est une démarche intéressante dans le cadre d’une analyse transgénérationnelle car elle permet d’ébaucher des biographiques temporelle dans laquelle se retrouvent les évènements-clés d’une vie référencés le plus précisément possible et synchronisé à d’autres événements individuels ou contextuels (historiques, sociologiques, philosophiques, etc.).

C’est en identifiant ces moments pivots qu’il deviendra possible de mettre en évidence des cycles de vie mais aussi les correspondances datées entre sa propre histoire et celle de ses aïeuls.

Entreront alors en jeu des répétitions de dates , d’évènements, de problématiques, d’accidents… structurées sur plusieurs générations qui constitueront autant de pistes d’investigation.

Cet outil a le grand avantage de permettre au patient de faire le point sur ce à travers quoi il est passé tout au long de son existence, de mettre en évidence les étapes charnières qui ont compté dans sa vie.

La ligne du temps est une belle synthèse qui facilite beaucoup les prises de conscience de ce que nous sommes et des liens visibles et invisibles qui nous lient à nos ancêtres quand nous comparons les évènements de nos vies avec la vie de ceux qui nous ont précédés.

5.La contextualisation des informations

En l'absence de témoignages familiaux directs et de documents précis, le seul moyen d'envisager ce qui s'est réellement passé pour certains personnages « oubliés » est de trouver des informations contextuelles qui émanent de la collectivité et du contexte (historique, sociologique, économique, professionnel, idéologique, etc.), dans lequel nous aïeux ont vécu. Par exemple des documents historiques, géographiques, des récits détaillés de celles et ceux qui ont vécu des situations identiques, etc. Le but de cette collecte d’informations objectives étant de pouvoir se construire une représentation « en creux » des situations et des personnages, sur lesquels nous manquons de témoignages et de documents. Grâce à cette stratégie, la pensée pourra se (re)construire une représentation du personnage ou de l'événement passé en traitant les informations obtenues et élaborer ses propres conclusions.

6. Rites et rituels

On se demande quand le traumatisme s’arrêtera ?

Certains rituels symboliques peuvent faciliter la résolution des problèmes de l’arbre familial.

Les rituels nous invitent à apprendre à parler le langage de l’inconscient.

Une psychanalyse progresse donc en transformant les messages qu'envoie l'inconscient en un discours rationnel.

Au lieu d'apprendre à l'inconscient à parler le langage rationnel, les rituels proposent d’apprendre à la raison à utiliser le mode d’expression de l'inconscient qui est composé non seulement de mots, mais aussi d'actes, d'images, de sons, d'odeurs, de saveurs ou de sensations tactiles.

C'est pourquoi les rituels invitent à agir et pas seulement de parler. L'inconscient accepte la réalisation symbolique, métaphorique, pour lui, une photographie ne représente pas quelqu'un, elle est la personne photographiée ; il considère une partie comme le tout (les sorciers réalisent leurs envoûtements sur des cheveux, des ongles ou des morceaux de vêtements de leurs victimes potentielles); il projette les personnes qui peuplent sa mémoire sur des êtres réels ou sur des choses.

Les créateurs du psychodrame se sont rendu compte qu'une personne qui accepte d'interpréter le rôle d'un parent provoque chez le patient des réactions profondes, comme si celui-ci se trouvait devant le personnage réel .

Les images que nous conservons dans notre mémoire sont accompagnées d'une perception de nous-mêmes au moment où nous avons vécu ces expériences.

Les rituels travaillent sur la mémoire; il s’agit de provoquer un changement dans la mémoire, tant dans les images que dans les sensations qui les accompagnent (Pour rappel voir le paragraphe sur l’originaire et la transmission des fantômes par duplication des structures mentales des parents de génération en génération)

Les rituels appliqués aux traumatismes familiaux doivent être crées « sur mesure », et correspondre au caractère et à l'histoire de la personne et de sa famille.

7.Résilience et Thérapie transgénérationnelle

Lorsqu’ils ont compris ce que ce souvenir familial faisait peser sur leur vie ils s’en sont servis.

Popularisé par Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre, éthologue et psychanalyste français) Le terme « résilience » a été emprunté à la physique, et désigne le retour à l’état initial d'un élément déformé ainsi que la capacité des êtres humains de pouvoir réussir à rebondir et à surmonter les épreuves de la vie.

La résilience est donc un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre conscience, (par la réflexion, la parole, par une thérapie ou par une thérapie transgénérationnelle) de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression.

8.La guérison de l’arbre généalogique et le tri du patrimoine psychologique

Je sentirai un élan, comme un coup de pied au derrière, pour aller, pour profiter de cette vie, pour en faire quelque chose de fécond.

Témoignage de Valérie Rosoux, descendante à la cinquième génération

Il en est des biens psychologiques comme des biens matériels qui se transmettent de génération en génération. Autant il est fréquent de renoncer à une succession dont le bilan est négatif ou de refuser un bien matériel dont le cahier des charges est trop lourd, autant il est rare que l'on remette en cause la transmission de traits psychologiques ou de «dettes» familiales.

Et pourtant,un héritage n'est pas une fatalité, au niveau psychologique essentiellement, nous avons un choix à faire de chaque instant, le patrimoine psychologique est lui aussi triable.

L’analyse transgénérationnelle est donc en mesure de nous aider à trier, garder ou refuser ce qui se présente à nous. Si nous ne sommes pas toujours responsables de nos héritages nous sommes seuls responsables de l'interprétation et de la réponse que nous y donnons

Le travail sur l’arbre familial concerne donc non seulement la santé des vivants, mais également celle des «ancêtres mal morts ».

Conclusion :1914/2014 : Un cycle de 100 ans à surveiller

Comme nous l’avons vu, les dates anniversaires sont des signifiants très puissants, nous pouvons donc être fragilisés à la date anniversaire d’un événement traumatisant dans notre famille dont nous n’avons pas toujours une connaissance consciente.

Pour le genre humain les cycles de 100 ans sont très symboliques et doivent être pris en compte dans la compréhension de certains processus psychologiques.

A la veille des commémorations qui se préparent pour le centenaire de la grande guerre il est donc plausible que les « fantômes » de la grande guerre remontent du passé dans les familles où les drames vécus par les aïeux non pas été suffisamment élaborés.

Paradoxalement ce retour des fantômes de 14/18 peut être une opportunité pour aider les familles qui sont toujours actuellement impactées par la violence de histoire.

Il sera donc très important que nous soyons attentifs à la manière dont seront menées et ritualisées ces commémorations pour qu’elles conservent leur fonction essentielle liée au devoir de mémoire mais aussi leur fonction indispensable de symbolisation, de réparation et même de guérison de deuils individuels et collectifs parfois inachevés depuis plusieurs générations.

Pierre Ramaut

L'auteur de cet article

Pierre Ramaut est psychanalyste à Mons en Belgique. Il est le fondateur du site Généasens et de Commemoria. Il anime des ateliers d’analyse transgénérationnelle et des stages dans le désert et en montagne "Marcher pour Progresser" et "Découvertes en terres chamanes"

Du même auteur pour Généasens

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Vos réactions

Commentaire anonyme | 27/02/2014

Quelque soit le deuil, tout est possible même 1 siècle après. J’ai eu le cas d’une personne qui a fait le deuil d’un oncle mort dans les champs de bataille à la grande guerre, elle ne l’a point connu, elle m’a écrit suite à une journée sur ce thème :
"Lorsque tu m'as adressée cette invitation, j'ai pensé de suite à cet oncle avec un étonnement car je croyais que cela était relégué dans mon passé et je me suis aperçue les jours passants de son importance, peut être aussi de son influence dans ma vie. Les valeurs transmises et cette idéalisation quasi intouchable et inaccessible n'était pas étrangère à ce phénomène me semble t’il. L’avoir contacté, l'avoir "remis à sa place" c'est à dire resitué dans le temps et dans sa situation de mort était une démarche nécessaire et difficile à faire seule. En tous cas, je me sens libérée de cette empreinte des ancêtres, comme si je me ré appropriai ma propre vie à moi, vivre simplement, être."

Commentaire anonyme | 26/06/2014

Bonjour,

J'ai découvert iil y a trois semaines seulement, les conditions de décès de mon arrière-grand-père côté maternel. C'est en parcourant le Journal Militaire des Opérations (JMO) que j'ai découvert ce secret, celà a eu l'effet d'une bombe dans mon coeur. Mon AGP est décédé aux Eparges, un 28/07/1917.
Et là, je découvre qu'un obus de gaz asphyxiant a été projeté sur eux, très tôt le matin,ils étaient abrités sous un abri dans une tranchée, ils sont morts ensevelis, asphyxiés, leurs corps ayant pu être dégagés seulement dans la soirée.

ça a été un grand choc cette découverte, car, les souvenirs de mes cauchemards d'enfants sont remontés vivement à la surface, j'avais une peur irraisonnée de mourrir sous terre, d'être enterrée vivante, ou d'arpenter des tunnels sous terre de peur qu'ils s'effondrent sur moi.Pourtant rien de tel ne m'était arrivé.(Autant j'ai une confiance absolue en la pierre et la roche, parcourir des galeries dans les grottes me convient très bien). Mon père me retrouvait tard dans la nuit recroquevillée emmêlée dans mes draps sous les draps suffoquant manquant d'air.ça a duré longtemps cette période.

Autre drame,
A 14 ans, j'ai déclenché des crises d'asthme, la première est survenue dans un bois de pins dans des chemins de terre, un orage était passé par là et avait tout dévasté, c'est en l'écrivant ici que je me remémorre ce moment.Et ce payasage là me fait penser à ceux découvert aux alentours de Bertrix en Belgique lorsque, avec mon père nous étions allés voir la tombe de son GP maternel décédé un 22/08/1914 là-bas, lui avait été criblé de balles et d'obus avec sa garnison.Ce GP maternel du côté de mon père était, sur mon arbre généalogique un père inconnu, un secret avait été levé entre temps, dont nous n'avons pas de confirmation officielle encore.

Je ne sais si ce sont des coincidences,ces deux cas, mais, le ressenti émotionnel était si intense, que lorsque j'ai pu découvrir il y a 10 jours à peine la correspondance de guerre de mon AGP avec mon AGM (1er cas), j'en ai pleuré. Ma GM maternelle m'avait tant dit de choses merveilleuses sur ce papa qui l'aimait tant. Au travers de ce courrier de guerre celà apparraissait bien, et c'était vrai. C'est la seule trace d'amour d'une couple aimant et attentionné, d'une famille unie que j'ai pu trouver dans le passé, dans mon arbre.Je peux vous dire que c'est réconfortant, même s'ils ont été séparés par la guerre, en moi, quelque chose s'est appaisé. Comme si j'avais été (inconsciemment) à la recherche d'un amour perdu. Ce couple là étaient petits cousins, et contre l'avis de leurs parents, ils se sont mariés, c'étaient des phénomènes ces deux là, et je les aime encore plus depuis que j'ai fait cette merveilleuse découverte.

Commentaire anonyme | 26/06/2014

C'est merveilleux cette sensation intérieure de se sentir apaisée dans le coeur grâce à cette découverte, et à cet amour perdu retrouvé dans cette correspondance.
Autant ma grand-mère avait 3 ans quand son papa est décédé, lorsqu'elle me parlait de lui, j'avais 17 ans, elle pleurait beaucoup encore à l'âge qu'elle avait.10 ans plus tard elle en a parlé à ses 8 enfants.Il a fallu que je fasse toutes ces recherches pour que, petit à petit ma tante, l'aîné et gardienne des documents de ma GM, pas à pas me transmette les documents. Je rageais au début car je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas accéder à ceux-ci, maintenant je comprends que l'inconscient des personnes concernées est parfois réticent à l'ouverture de certaines choses, alors qu'au contraire, ces documents attestaient d'un vécu extraordinaire, à l'opposé de ce que ses enfants ont vécu.

C'est fou que de cacher certaines choses, car les enfants de ma GM ont "tissé" une toile de ces informations là complètement fausse, opposée à la réalité.
Ma GM en cachant (inconsciemment) ces informations là, ont empêché ses enfants de connaître une racine d'amour, là je parle de "racine" car c'est vraiment le cas.
Ce n'est pas de sa faute bien évidemment, mais ce manque là, a fabvorisé un imaginaire falsifiant la réalité et donc, la vie entière des enfants.

Moi ayant connaissance jeune de celà, je n'ai eu de cesse de retrouver cet amour perdu, car mes parents se sont construits sur des secrets cachés, et n'ont jamais cherché à faire la lumière sur celà, c'est bien dommage.

Ma vie change de jour en jour au fur et à mesure des découvertes, et là, j'attends avec impatience le mois d'août, car le CICR met en ligne les dossiers des blessées de guerre et prisonniers, numérisés, et encore là, il y aura de grandes découvertes !

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